Inflation énergétique

L’inflation énergétique réfère au fait que la quantité d’énergie (et donc de CO₂ émis pour une certaine efficacité énergétique (kWh/tonne extraite) et intensité carbone (CO2/kWh) de l’industrie d’extraction) nécéssaire pour extraire une tonne de minerais augmente avec le temps.

Il faut creuser toujours plus profond, et remonter des terres et roches toujours moins concentrés en minerais d’intérêt, comme l’explique Aurore Stéphant, ingénieure géologue minier, dans cette interview ^↱ de Thinkerview ou celle-ci je ne sais plus:

C’est donc un concept dynamique : l’empreinte carbone d’1 tonne d’acier est plus faible aujourd’hui qu’elle ne le sera demain.
Ou une autre manière de l’interpréter est de l’interpréter comme un effet similaire à l’effet rebond, bien qu’il ne s’agisse pas d’un effet rebond : les gains d’efficacité (~+1%/an sur les 30 dernières années) sont plus que compensés par l’inflation énergétique, de sorte qu’au lieu que les émissions de GES par tonne de minerais extrait diminuent grâce à des gains (technologiques) d’efficacité, elles continuent d’augmenter pour des causes (physiques, indépassables) de déplétion progressive des teneurs. Et comme on le voit sur la figure ci-dessous, ce n’est pas une “projection” que les teneurs diminueront, ce sont les obervations passées:

Par conséquent, une technologie est d’autant plus sensible à l’inflation énergétique, qu’elle est intense en ressources minérales.

C’est ce que montre la première image, tirée du rapport de synthèse ^↱ du groupe d’experts pour la programmation des ressources minérales de la transition bas-carbone portant sur les technologies photovoltaïque, réseaux électriques, mobilité bas-carbone et éolien, publié par le Ministère de la Transition écologique français.

Chaque tonne de minerais extraite, via l’intensité carbone (I) de la machinerie, est à l’origine d’émissions de CO2 :
CO₂ = (CO₂/kWh) * (kWh)
CO₂ = I * E

Il y a donc le double enjeu :
– inflation énergétique
– qui s’accompagne de l’inflation de l’intensité carbone des minerais (et donc des moyens de productions et autres biens fabriqués avec ces minerais).

Exemple avec le rapport de Worldsteel:
L’évolution ces dernières années du contenu carbone d’1 tonne d’acier, tel qu’établi par WorldSteel ^↱:

Mais Worldsteel précise sur son site qu’il ne possède les données que de “56% du marché mondial”. Et il ne précise pas de quels pays proviennent les données qui lui manquent.

Or aujourd’hui, une énorme part de l’acier est produit en Chine (image 3 et 4) où le mix énergétique est très carboné.
Par conséquent, si les données manquantes à WorldSteel proviennent essentiellement de Chine, alors l’empreinte carbone de l’acier pourrait être bien plus élevée qu’elle ne l’indique.
Et donc notre responsabilité en poids carbone plus élevée qu’on le pense, d’autant qu’on importe énormément de Chine vu la nature de la balance commerciale UE-Chine.

Un autre enseignement important de cette réalité d’inflation énergétique est que désormais, la notion d’intensité carbone, particulier celle des nouvelles EnR et des voitures électriques, doit être vue dynamiquement : elle augmente avec le temps. Les valeurs “figées” dans les rapports, comme par exemple ce rapport de l’UNECE, ne sont probablement déjà plus actuelles.

^{Origine de la fourniture en matériaux bruts critiques (Critical Raw Materials) de l’UE (source ^↱)}

^{Enfant dans une mine de Coltan. Pas beaucoup d’émissions de CO2 dans ce cas-là, mais c’est une “solution” intolérable, si on peut appeler ça une “solution”.}

^{mines en Afrique. Il y a des enquêtes qui dénoncent : exemple ^↱.}

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🔱Structure du triangle de Kaya

^{Alors que des continent entiers aspirent à se développer un minimum et que les ressources sont limitées. L’idéologie mortifère de la croissance qui fait sombrer notre civilisation dans la barbarie, pour enrichir quelques uns.}