Le néoréalisme, une illusion? (2015)
Les sociologues et ceux qui étudient les relations internationales semblent d’accord sur un état actuel de celles-ci nécessitant une analyse “interdépendantiste” ou “néoréaliste” [Wikipedia ⭎], plutôt que le point de vue classique et traditionnel du “réalisme ⭎“
Il y a donc, outre les Etats, des acteurs transnationaux : l’ONU par exemple, les ONG, des entreprises.
Cependant, à regarder de plus près les acteurs transnationaux comme les ONG, des paradoxes surviennent.
Par exemple, sur la page “transparence et finance ⭎” de Oxfam Belgique, on apprend que près de la moitié de leurs revenus proviennent de subsides, notamment de l’UE et d’entités fédérées (Régions, Communautés), de villes, communes et provinces.

Or, si l’on regarde leurs thématiques, elles visent à “réparer” les dégâts de ces mêmes gouvernements, ou ceux causés par les acteurs économiques avalisés voire promus par nos gouvernements.
Dès lors :
1) O “NG” ?? Pourquoi ce qualificatif quand les principaux bailleurs de fond sont les gouvernements?
2) le gouvernement est entre deux fronts s’entrebattant :
– celui “imposé” par les acteurs économiques et financiers (multinationales, acteurs économiques)
– celui “imposé” par les acteurs humanitaires (ONG)
Cette politique n’a donc pas beaucoup de sens : faire-défaire-refaire…”se battre contre ses propres monstres”
Ça, c’était uniquement Oxfam Belgique…
Quand on regarde le rapport des comptes ⭎ de Amnesty International par exemple, on constate que
- plus de la moitié de leurs fonds (57%) sont dépensés en récoltes de fonds”, et même 57+16=73% si on inclut leur “goal 5” qui vise à “maximiser leurs ressources”.
- depuis 2019, il y a un excédent croissant entre les revenus et les dépenses, servant apparemment à amortir d’éventuelles pertes d’investissements….
- Et en passant, a augmenté de 973% ses émissions de CO2 entre 2020 et 2021.
Un simple coup d’œil aux finances de ces 2 grosses ONG transnationales montre que le point de vue néoréaliste est fondé sur de mauvaises hypothèses :
- il sous-estime les conflits d’intérêt effectifs entre les gouvernements des “états-nations” et les acteurs économiques et financiers:
- il sous-estime l’ampleur de “l’anti-parallélisme” des actions des gouvernements et des ONG, et donc l’action de ces dernières est dépendante de l’action des gouvernements, rendant son qualificatif “d’acteur” de la mondialisation, ou des relations internationales, trop prétentieux…une métaphore pourrait être de voir les ONG comme des “casseroles” liées par une ficelles aux pieds des gouvernements.
La casserole est définie comme acteur indépendant dans le néoréalisme.
Or la liberté de mouvement des casserole est restreinte, donc pas vraiment d’ “acteurs” dans le chef des casseroles : elles “raclent la m****” laissées par ceux qu’elles suivent.
Dans ce sens, l’optimisme sous-jacent au point de vue néoréaliste n’a pas de fondations aussi solides qu’il ne le prétend.par “optimisme”, j’entends “bonnes raisons de croire que l’évolution du monde se décide par différentes “canaux” d’acteurs et sur différents “canaux” d’actions entreprises…ces canaux RENFORCENT en fait le contraste entre les intérêts des états-nations et ceux des autres acteurs…ils ne le dissolvent pas, ils le renforcent (anti-parallélisme)…ils confortent le point de vue (malheureusement) “réaliste” de la politique internationale actuelle.
influences:
- “La gouvernance de la mondialisation”, J.-C. Graz, éd. La Découverte.
- “Sociologie des relations internationales”, G. Devin, éd. La Découverte.
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