Comment expliquer la montée des extrêmes? Qui ou qu’est-ce qui en est responsable?

Quand la gauche se révèle incapable de s’organiser comme l’espace où se forment les questionnements, mais aussi où s’investissent les désirs et les énergies, c’est la droite ou l’extrême-droite qui réussissent à les accueillir et à les attirer.
La tâche qui incombe aujourd’hui aux mouvements sociaux et aux intellectuels critiques est donc de construire des cadres théoriques et des modes de perception politique de la réalité qui permettent, non pas d’effacer, mais de neutraliser au maximum les passions négatives à l’oeuvre dans le corps social, d’offrir d’autres perspectives, et d’esquisser ainsi un avenir pour ce qui pourrait s’appeler à nouveau “la gauche”.

(Didier Eribon dans “Retour à Reims”)

Epilogue de “Retour à Reims” de Jean-Gabriel Périot sur base de l’oeuvre de Didier Eribon.

Quand on demande à chatGPT
“Qui sont les responsables de la montée des extrêmes?”, sans aucun autre contexte, il répond :

La montée des extrêmes, qu’ils soient politiques, économiques ou sociaux, est un phénomène complexe, souvent attribué à une conjonction de facteurs et d’acteurs plutôt qu’à des responsables uniques. Voici quelques pistes d’analyse, toujours ouvertes à débat :

1. Les élites économiques et politiques
Les politiques néolibérales : La mondialisation, les politiques d’austérité et la concentration des richesses ont creusé les inégalités, alimentant un sentiment d’abandon parmi les classes populaires et moyennes.
Le décalage avec les préoccupations populaires : Les élites, perçues comme déconnectées, n’ont pas toujours su répondre aux enjeux locaux, sociaux et écologiques, favorisant une méfiance envers les institutions.

2. Les médias et les réseaux sociaux
Le rôle des médias traditionnels : La recherche de sensationnalisme a parfois amplifié les discours polarisants ou accordé une tribune démesurée aux extrêmes.
Les algorithmes des réseaux sociaux : Ils favorisent l’écho des idées radicales en amplifiant les contenus qui suscitent l’indignation ou la colère, renforçant ainsi les bulles idéologiques.

3. Les partis traditionnels
La perte de crédibilité : En échouant à résoudre des crises majeures (chômage, climat, migration), les partis traditionnels ont laissé un vide idéologique que les extrêmes ont occupé.
La stratégie de banalisation : Certains partis classiques ont intégré des éléments de discours extrêmes pour capter des voix, contribuant à leur normalisation.

4. Les crises systémiques
Les crises économiques et sociales : Les périodes de récession, de chômage de masse ou de précarité généralisée exacerbent les tensions et nourrissent la recherche de boucs émissaires.
Les crises migratoires et identitaires : L’incapacité à gérer ces enjeux de manière humaine et pragmatique a amplifié les discours de peur et de repli.

5. Une part de responsabilité collective
La désinformation : Une société mal informée est plus vulnérable aux manipulations des extrêmes.
Le désengagement démocratique : L’abstention massive, le désintérêt pour la politique ou encore le refus du débat nourrissent les discours simplistes et radicaux.

Les extrêmes prospèrent souvent là où le désespoir et l’injustice s’installent. Leurs responsables ne sont pas seulement ceux qui prônent ces idées, mais aussi ceux qui ont laissé ces conditions s’enraciner. Une solution passe par une reconquête collective des valeurs de justice sociale, d’éducation, de dialogue et d’action climatique.”


Un petit verre de Ricard à présent?
🐇 Suivre le lapin blanc


Dans “Le totalitarisme informatique “, Christopher Pollman écrit, dans le chapitre III “La destruction de la vie individuelle et collective” :
Les dispositifs informatiques génèrent de multiples effets nocifs pour la vie et la société humaines. “passé un certain seuil, l’outil asservit celui qui l’utilise”; il “porte atteinte à la fonction (notamment motrice ou cérébrale) qu’il est censé amplifier”. Résumant une démonstration implacable, Olivier Roy n’hésite pas à déclarer qu’Internet “n’invente pas une nouvelle culture mais détruit l’idée même de culture”. (…)
3. Un facteur de désocialisation et de désinhibition des adultes
(…) L’informatique devient le “facteur planétaire d’une colossale désintégration sociale”, d’une “dissolution politique de l’espère humaine”.
On peut distinguer trois formes de détachement :
– la désaffection “qui est la perte de d’individuation psychique” par la “saturation affective” due à l’hypersocialisation consommatoire de l’attention;
– la désaffectation qui est la “perte d’individuation sociale”, c’est-à-dire la perte de place et de reconnaissance sociales;
– la désaffiliation par rapport aux liens sociaux (…)
Les écrans tendent donc à saper l’intériorité.
Celle-ci souffre aussi du recul du brassage d’idées, donc de stimulation extérieure. À la fois dans l’espace public où l’individu connecté tourne, via son écran ou ses écouteurs, dans son propre monde sans entrer en relation avec les personnes à côté (aux États-Unis, 65% des piétons et 91% des piétons jeunes consultent leur smartphone en marchant), et sur le plan médiatique du fait de l’information personnalisée en fonction des seuls centres d’intérêts personnels. Mais recul aussi sur les “réseaux sociaux, première expérience globale de la ruche humaine”, qui automatisent et rationalisent les relations sociales, voire l’amitié : ils ne sont en réalité sociaux que dans un sens réduit, identitaire, car ils visent à échanger uniquement avec des gens ou des entreprises dont vous vous sentez proches”. Or, la quête identitaire relève d’une course sans fin. Ce nombrilisme “solipsiste” pourrait se solder par “l’effondrement de l’individu sur lui-même.

“Foxisation” d’Europe1 et compagnie dans cet article