Working paper du BFP sur l’empreinte carbone des régions de la Belgique
[portail poids carbone]
Cette page parcoure le Working paper du Bureau Fédéral du Plan : “L’empreinte carbone des régions de la Belgique ⭎” de Janvier 2023.
Ce document tente de quantifier le poids (l’empreinte) carbone de la Belgique, de la même manière que l’a fait en 2009 l’étude de Hertwich et Peters, reprise par la plateforme wallonne pour le GIEC, mais en grannularisant au niveau régional pour la Belgique.

Quelques commentaires et quelques images tirées du Working paper ⭎ pour illustrer quelques extraits du document (cliquer pour dérouler la section). Ce n’est pas vraiment un résumé, il y a presque tout le contenu de ce Working paper, ça va aussi vite de le parcourir directement.
Introduction
Le BFP introduit le rapport de la façon suivante:
“Il y a 30 ans, les pays signataires de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) s’engageaient à « préserver le système climatique pour les générations présentes et futures ». Cet engagement devait être concrétisé à travers une réduction des émissions de gaz à effet de serre qui constituent la principale source du changement climatique. Force est de constater au jourd’hui que cet engagement n’a pas été respecté (WMO, 2022). Même avec les nouvelles et plus ambitieuses promesses de réduction d’émissions de gaz à effet de serre dans le cadre de l’accord de Paris, il n’est pas garanti que l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 2°C puisse être atteint.
Dans ce contexte, c’est aussi la façon d’attribuer la responsabilité pour les émissions de gaz à effet de serre qui devrait être remise en question.“
Le BFP explique que dans le cadre des Accords de Paris, ce sont les émissions domestiques qui déterminent la responsabilité d’un pays:
“Cette responsabilité est traditionnellement évaluée sur base des émissions territoriales (= émissions domestiques) qui sont publiées annuellement dans des inventaires nationaux par les pays adhérant à la CCNUCC et qui servent à définir leurs objectifs en termes de réductions d’émissions. Pour les gaz à effet de serre émis lors de la production de biens et services, cette pratique revient à tenir responsable le pays dans lequel la production a lieu.“
Mais il ajoute:
“Or, de nombreuses études scientifiques (comme celle de Hertwich et Peters 2009) proposent attribution alternative de la responsabilité qui imputerait les émissions plutôt au consommateur final de ces biens et services (Wiedmann et Lenzen, 2018 ⭎). Une telle attribution vise à refléter l’impact climatique des niveaux et choix de consommation. Dans les faits, elle tient également compte des choix de localisation des différentes étapes des processus de production qui ne relèvent en général pas des décisions des consommateurs.”

Définition de l’empreinte carbone:
“L’attribution des émissions au consommateur final requiert le calcul, pour chaque pays, d’un indicateur de type ‘empreinte carbone’. Le concept de cet indicateur provient de la notion d’empreinte écologique qui recense la surface terrestre et maritime nécessaire pour subvenir aux besoins de l’humanité (Wackernagel et Rees, 1996). Dans le même esprit, l’empreinte carbone peut être définie comme une mesure de la quantité totale d’émissions de dioxyde de carbone (CO2), directement et indirectement générée par une activité économique, ou accumulée au cours des étapes de vie d’un produit (Wiedmann et Minx,
2008). L’idée est de tenir le consommateur du produit pour responsable de toutes ces émissions. L’empreinte carbone peut être déterminée à différentes échelles, par exemple au niveau d’un ménage, d’une entreprise ou d’une ville (Peters, 2010). Pour un pays, l’empreinte carbone doit reprendre l’ensemble des gaz à effet de serre émis tout au long du processus de production de biens et services livrés au consommateur final.“

Le BFP l’illustre avec l’exemple d’es’une boîte de pralines dans la section 2.1 :
“Les principes sous-jacents au calcul de l’empreinte carbone peuvent être illustrés à l’aide d’un exemple pour un produit. Prenons comme exemple une boite de pralines vendue à un consommateur en Belgique. Pour l’empreinte carbone, il convient de comptabiliser l’ensemble des émissions tout au long du processus de production de cette boite de pralines, de la récolte des fèves de cacao à la confection des pralines et au conditionnement dans la boite, et d’attribuer toutes ces émissions au consommateur en Belgique. L’empreinte de cette boite de pralines comprend des émissions en Belgique, par exemple pour la confection des pralines et le conditionnement, ainsi que des émissions dans d’autres pays pour des parties du processus de production situées à l’étranger, par exemple la récolte des fèves de cacao en Colombie. En termes d’émissions liées à la production, ces émissions lors de la récolte des fèves de cacao font partie des émissions de la Colombie car elles sont dues à une production dans ce pays.“
Méthodologie pour le poids carbone : à partir d’un modèle MRIO, standard) :
“Une vaste littérature académique est consacrée aux aspects conceptuels et méthodologiques du calcul de l’empreinte carbone d’un pays (Turner et al., 2007 ; Scrucca et al., 2020). Le calcul repose sur un modèle et des données entrées-sorties étendus aux émissions de gaz à effet de serre liées à la production.“
Le BFP “milite” pour que cet indicateur soit “popularisé” :
“En tant qu’indicateur dans le domaine du changement climatique, l’empreinte carbone attire de plus en plus d’attention. Des organisations internationales telles que l’OCDE et des consortia d’institutions académiques ont commencé à diffuser des résultats d’empreinte carbone pour une sélection de pays (Tukker et al., 2014 ; Yamano et Guilhoto, 2020). En outre, certains pays publient l’indicateur d’empreinte carbone comme une statistique officielle, par exemple le Royaume-Uni.“
Les données concernent l’année 2015:
“Cette étude est consacrée au calcul et à l’analyse pour l’année 2015 de l’empreinte carbone des trois régions de la Belgique, à savoir la Région de Bruxelles-Capitale, la Région flamande et la Région wallonne.“
Spécificité belge oblige:
“Il est intéressant de déterminer l’empreinte carbone au niveau régional étant donné que la prise de décision en lien avec le domaine de l’environnement constitue depuis 1980 une compétence régionale en Belgique, et que, de ce fait, les engagements internationaux de la Belgique en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre doivent faire l’objet d’un accord entre régions.“
Pour calculer l’empreinte carbone, cette étude du BFP utilise le tableau d’entrée-sorties (TES) intra-régionaux et inter-régionaux existant (iRIO) , et l’intègre à un modele MRIO international. Il a choisi le projet FIGARO d’Eurostat :
“Pour le calcul de l’empreinte carbone des régions de la Belgique selon la méthodologie mise en avant dans la littérature, il est nécessaire de disposer de données sur les flux de biens et services intrarégionaux, interrégionaux et internationaux. Le tableau entrées-sorties interrégional de 2015 pour la Belgique (iRIO) contient le détail des flux intrarégionaux et interrégionaux. (…)
Contrairement à la plupart des études consacrées au calcul de l’empreinte carbone pour des entités régionales ou locales d’autres pays d’Europe (…), nos calculs prennent en compte les spécificités technologiques des branches d’activité dans chaque région grâce à l’utilisation de ce tableau interrégional.
Pour tenir compte des flux internationaux, il y a lieu de l’intégrer dans un tableau entrées-sorties (TES) multipays mondial pour la même année. Parmi les TES multi-pays mondiaux disponibles, notre choix s’est porté sur celui produit par Eurostat (projet FIGARO).“
Puisque le BFP se intègre ce iRIO qui détaille le commerce par région dans un modèle MRIO mondial, ses résultats sont “uniques”:
Deux aspects de cette intégration distinguent notre travail des études précédentes pour les régions de la Belgique :
(i) les échanges des régions avec les partenaires commerciaux internationaux sont déterminés à partir de données du commerce de biens et de services par entreprise, catégorie de produits et pays partenaire, et
(ii) notre résultat, c’est-à-dire le TES multi-pays mondial qui inclut les régions de la Belgique, respecte entièrement les données régionales, y compris le détail sur leurs échanges internationaux.“
Le BFP a dû aussi construire des comptes régionaux d’émissions territoriales de CO2. Ils ont suivi la méthodologie des comptes nationaux envoyés à Eurostats.
“En outre, le calcul de l’empreinte carbone des régions requiert des données régionales et internationales sur les émissions de gaz à effet de serre liées à la production qui sont compatibles avec les données entrées-sorties du point de vue méthodologique.
De telles données n’étaient pas disponibles au niveau des régions.
C’est pourquoi nous avons construit, dans le cadre de ce travail, des comptes des émissions atmosphériques (Air Emissions Accounts, AEA) régionaux selon les mêmes principes que ceux que les États membres de l’Union européenne doivent fournir annuellement à Eurostat.
Les données d’émissions par branche d’activité dans les régions contenues dans ces comptes servent non seulement pour le calcul de l’empreinte carbone, mais constituent aussi un produit statistique à part entière qui permet d’analyser les émissions liées à la production des régions et de les comparer à leur empreinte carbone.“
Pour les autres pays que ceux de l’UE (données Eurostat) le BFP utilise WIOD pour déterminer leur émissions liées à la production:
“Enfin, pour les autres pays, les données d’émissions proviennent de la World Input-Output Database (WIOD).“
En ayant en tête que les empreinte carbone en terme de CO2eq seraient augmentée de ~30% (si on fait l’hypothèse que le CO2 représente 70% du forçage radiatif):
“Comme ces données ne couvrent pas d’autres gaz à effet de serre que le CO2, nos calculs d’empreinte carbone sont limités à ce dernier.“
En résumé, les données utilisées pour le calcul de l’empreinte carbone des régions sont :
(i) le TES interrégional de 2015 pour la Belgique,
(ii) le TES multi-pays mondial d’Eurostat pour 2015, dans lequel le TES interrégional a été intégré,
(iii) des données sur les émissions de CO2 liées à la production au niveau régional (construit par le BFP sur le même principe que sur Eurostat,
(iiii) des données sur les émissions de CO2 liées à la production au niveau international. (WIOD DB)
Méthodologie et données
2.1 Méthodologie
Le BFP se base sur une des définitions du PIB pour extraire les données permettant de calculre l’empreinte carbone:
“L’empreinte carbone d’un pays est traditionnellement dérivée d’un modèle entrées-sorties. Dans ce type de modèle, l’empreinte carbone est le résultat d’un calcul qui identifie l’ensemble des gaz à effet de serre émis pour satisfaire la demande finale intérieure du pays. On parle généralement d’émissions incorporées dans la demande finale.
Au niveau d’un pays, la demande finale intérieure comprend tous les achats par des résidents de biens et services qui ne servent pas comme inputs intermédiaires. Elle inclut
-la consommation finale des ménages comme poste principal,
-mais aussi les investissements (formation brute de capital fixe),
-la consommation finale des administrations publiques,
-celle des institutions sans but lucratif au service des ménages,
-et la variation des stocks.
Pour les besoins de cette étude, le modèle entrées-sorties doit être adapté à l’objectif de déterminer l’empreinte carbone de chacune des trois régions de la Belgique. L’annexe méthodologique détaille comment leur empreinte carbone peut être dérivée d’un modèle entrées-sorties multi-pays qui intègre les trois régions.“
“En somme, l’empreinte carbone d’un pays comprend les éléments suivants :
(i) les émissions directes des ménages, soit principalement des émissions pour leur transport et le chauffage de leurs habitations ;
(ii) les émissions domestiques incorporées dans la demande finale intérieure, soit les gaz à effet de serre émis par les entreprises résidentes dans les processus de production de biens et services livrés à la demande finale des résidents du pays ;
(iii) les émissions à l’étranger incorporées dans la demande finale intérieure, soit les gaz à effet de serre émis par des entreprises non-résidentes dans les processus de production de biens et services livrés à la demande finale des résidents du pays.“
D’où son bilan détaillé du PIB:

Sur l’image ci-dessous, on voir que le bilan import/export d’énergie grise (encadré pointillé) représente une fraction beaucoup plus faible que “100% moins le domestic share” = 100% – 46% = 54% pour la Belgique, avec les données de 2001 de Hertwich et Peters.
Pour le Bureau fédéral du plan, le poids carbone de la Belgique est “à peine” ~30% plus élevé que ses émissions domestiques, alors que selon la GTAP6, on passait du simple au double.


Le paragrahe ci-dessous n’est qu’un commentaire du Graphique 1.
On a l’égalité suivante:
BAL = E_imp – E_exp = E – D.
Si E>D (BAL>0) comme pour la Belgique, la responsabilité dans le cadre du paradigme consommation est plus grande que la responsabilité basée sur les émissions domestiques.
Si E<D (BAL<0) comme pour la Chine, c’est l’inverse.
“Le graphique 1 (ci-dessus) montre de façon schématique les éléments qui composent l’empreinte (E), ainsi que les éléments qui entrent en compte pour les émissions liées à la production. (D)
– Les émissions directes des ménages et les émissions domestiques incorporées dans la demande finale intérieure font partie des deux.
– Contrairement aux émissions liées à la production, l’empreinte exclut les émissions domestiques incorporées dans la demande finale d’autres pays (E_exp) (les gaz à effet de serre émis par les entreprises résidentes dansles processus de production de biens et services livrés à la demande finale de non-résidents, c’est-à-dire d’autres pays).
– Mais l’empreinte inclut les émissions à l’étranger incorporées dans la demande finale intérieure. (E_imp)
– La différence entre les émissions domestiques incorporées dans la demande finale étrangère et les émissions à l’étranger incorporées dans la demande finale intérieure est appelée balance en émissions incorporées. (BAL)
– Comme le montre le graphique 1, cette différence correspond également à la différence entre les émissions de gaz à effet de serre liées à la production d’un pays et son empreinte carbone.
– Le graphique 1 présente le cas d’un pays pour lequel cette balance en émissions incorporées est déficitaire (comme pour la Belgique), mais il existe des pays pour lesquels cette balance est en surplus.“
Exemple : la Chine.
2.2 Données
Comme indiqué en fin d’introduction:
Les données utilisées pour le calcul de l’empreinte carbone des régions sont :
(i) le TES interrégional de 2015 pour la Belgique, construit par le BFP en 2021:

représentent les exportations internationales des trois régions de la Belgique.”
(ii) le TES multi-pays mondial d’Eurostat pour 2015, dans lequel le TES interrégional a été intégré :

représentent les exportations internationales des trois régions de la Belgique.”
(iii) des données sur les émissions de CO2 liées à la production au niveau régional (construit par le BFP sur le même principe que sur Eurostat:
Au niveau national, c’est facile: il y a une comptabilité des TES avec les comptes nationaux économiques, et les “AEA” sont déduites directement de l’inventaire national:
“Pour la Belgique, les comptes des émissions atmosphériques (Air Emissions Accounts, AEA), publiés par le BFP dans le cadre de l’Institut des comptes nationaux, présentent les émissions de CO2 et de plusieurs autres gaz à effet de serre par les résidents. Ces données sont ventilées par branche d’activité avec un détail de 64 branches de la nomenclature NACE Rév.2. En tant que comptes satellites des comptes nationaux, les AEA sont compatibles avec les données économiques des comptes nationaux dont font partie les TES. La méthodologie de construction des AEA s’appuie sur les données des inventaires d’émissions qui répertorient les émissions sur le territoire du pays. Pour les gaz à effet de serre, il s’agit principalement des inventaires établis pour la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC).“
Au détail près qu’il faut corriger pour les non-résidents en Belgique et les belge à l’étranger:
“Le passage aux émissions des résidents tel que présentées dans les AEA nécessite
un ajustement qui revient à inclure les émissions des résidents belges à l’étranger et à exclure les émissions des non-résidents sur le territoire de la Belgique.
Dans la pratique, cette correction pour le principe de résidence s’applique surtout aux émissions liées au transport.“
Mais pour les régions, comme évoqué dans l’introduction:
“Pour les régions, il n’existait jusqu’ici pas de données d’émissions de type AEA, c’est-à-dire compatibles avec les comptes économiques des régions et le iRIO, en dépit du fait que les inventaires soient établis au niveau régional. Dès lors, nous avons construit des AEA pour les régions en suivant la même méthodologie qu’au niveau national et en veillant à la cohérence des résultats avec les données des AEA pour la Belgique. Concrètement, nous sommes partis des inventaires de chacune des régions auxquels nous avons appliqué la correction pour le principe de résidence.
Cela a nécessité d’estimer, pour chaque région, les éléments suivants :
(i) les émissions des non-résidents belges sur le territoire de la région,
(ii) les émissions des résidents des autres régions sur le territoire de la région,
(iii) les émissions des résidents de la région hors de la Belgique, et
(iv) les émissions des résidents de la région sur le territoire des autres régions.
Les deux premiers éléments sont à déduire des émissions territoriales de la région,
et les deux derniers doivent y être ajoutés.
Les AEA régionaux qui résultent de ce travail mesurent les émissions liées à la production des régions et constituent la base pour le calcul de l’empreinte carbone des régions.“
(iiii) des données sur les émissions de CO2 liées à la production au niveau international. (WIOD DB) :
“Les données d’émissions pour les autres pays proviennent des comptes satellites du projet WIOD (‘World Input-Output Database’) car Eurostat n’a pas encore publié de données d’émissions compatibles avec les TES de FIGARO.
Comme les comptes satellites de WIOD ne couvrent pas les autres gazà effet de serre, nos calculs sont limités aux émissions de CO2.“
Résultats

La Flandre totalise donc 71% des émissions liées à la production en Belgique, la Wallonie 26% et
Bruxelles 4%
2,7 + 54,3 + 19,7 = 76,7 Mt CO2 pour la Belgique, en 2015, hors émissions directes des ménages.
Selon l’IEA : 91 Mt CO2 en 2015.

On peut donc déjà estimer que les émisisons directes des ménages sont autour de 15 MtCO2 en 2015.
“Cette répartition régionale des émissions de CO2 liées à la production est sensiblement différente de la répartition régionale de la valeur ajoutée. En effet, les parts des régions dans la valeur ajoutée sont respectivement de 58 %, 23 % et 19 % pour la Flandre, la Wallonie et Bruxelles.
En d’autres termes, l’intensité en émissions de l’activité économique, mesurée par la quantité de CO2 émise par euro de valeur ajoutée, est nettement plus faible à Bruxelles (0,04 kg/€) qu’en Flandre (0,25 kg/€) et qu’en Wallonie (0,23 kg/€). En tant que zone urbaine, la région bruxelloise est caractérisée par une activité économique largement dominée par les services, moins émetteurs de CO2.“
Pour rappel, l’intensité de l’économie au niveau mondial, selon les données de Jancovici, était de 0,38 kg/€.
2. Empreinte carbone

émissions liées à la production. Cela signifie que Bruxelles, la Flandre et la Wallonie ont toutes les trois une balance en émissions incorporées déficitaire.”
“D’après nos calculs, l’empreinte carbone incluant les émissions directes des ménages est de 11,6 Mt de CO2 pour Bruxelles, 71,7 Mt de CO2 pour la Flandre et 33,7 Mt de CO2 pour la Wallonie.“
11,6 + 71,7 + 33,7 = 117 Mt CO2/an pour la Belgique.
Soit, en moyenne par habitant : 117 Mt / 11,5 Mhab = 10,2 tCO2/hab/an
A comparer avec les 16,5 tCO2/hab/an de la lettre 9 de la PW pour le GIEC de 2018! Une réduction de 40%!
Une réduction de 40% de l’empreinte carbone entre 2001 et 2015? Les données du Global Carbon Budget seraient-elles différentes?

Sur la figure ci-dessous, on voit à gauche que dans le paradigme “production”, une partie seulement de notre responsabilité est comptabilisée : la production issue du reste du monde, et qui participe pourtant à notre poids carbone (à notre niveau de vie) ne fait pas partie de nos objectifs climatiques.

“Le graphique 7 résume les principaux constats posés jusqu’ici.
Il donne tout d’abord, pour les trois régions, les émissions liées à la production dans la partie de gauche et l’empreinte carbone dans la partiede droite.
Il permet d’observer que, pour chacune des trois régions, les émissions liées à la production sont plus faibles que l’empreinte carbone, ce qui implique qu’elles ont toutes les trois une balance en émissions incorporées déficitaire.
La partie centrale du graphique montre, sous forme de flux, le CO2 émis dans une région qui est incorporée dans la demande finale de la région de consommation.
Le reste du monde est inclus pour montrer les émissions à l’étranger incorporées dans la demande finale de chaque région de Belgique.
Il ressort de cette représentation graphique
(i) que les émissions du reste du monde représentent une part substantielle de l’empreinte des trois régions et
(ii) l’importance de certains flux de CO2 incorporé entre régions, notamment entre la Flandre et Bruxelles et entre la Flandre et la Wallonie.“

3. Comparaison internationale
Pour les commentaires, voir la publication du BFP.

4. Balances en émissions incorporées


Leurs principales balances bilatérales déficitaires sont avec la Russie, la Chine et les Pays-Bas. Deux
éléments permettent d’expliquer ces résultats pour la Russie et la Chine : (i) l’importance des contributions de ces deux pays dans les processus de production de biens et services livrés à la demande finale en Flandre et en Wallonie, et (ii) les facteurs d’émission moyens nettement plus élevés dans ces pays.
5. Émissions indirectes et mécanisme d’ajustement carbone aux frontières
Émissions indirectes et mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF)
“La mise en place d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) pour les importations de certains produits industriels dans l’Union européenne est un élément central du Pacte vert pour l’Europe (European Green Deal).
En décembre 2022, le Parlement européen et le Conseil sont parvenus à un accord provisoire sur une réglementation en la matière. L’objectif du MACF, tel que défini dans cet accord, est d’éviter que le prix du carbone imposé par le système d’échange de quotas d’émissions de l’Union européenne (SEQE-UE ou UE-ETS) ne donne lieu à des « fuites de carbone », c’est-à-dire que la production de certains biens dans l’UE soit remplacée par des importations en provenance de pays hors-UE où le prix du carbone est plus faible voire nul. Le MACF imposera donc un prix du carbone équivalent à celui du SEQE-UE aux importations dans l’UE des produits visés.“


Le BFP prévient qu’avec l’introduction du MACF, le coûts des importations de bien du secteur métallurgie par exemple, intervenant dans la production wallonne d’autres bien qui seront exportés, pourraient augmenter.
“Les résultats obtenus pour l’empreinte permettent de fournir plusieurs enseignements utiles pour la prise en compte d’émissions indirectes dans le cadre du MACF.
(…)
Pour la branche ‘Electricité et gaz’, il s’agit là presque exclusivement d’émissions indirectes, c’est-à-dire d’émissions en amont dans les processus de production de biens et services livrés à la demande finale d’une des trois régions, étant donné que les livraisons directes de ces deux pays à la demande finale des trois régions sont négligeables voire nulles.
Ce constat illustre qu’il est important de tenir compte des émissions indirectes dans le cadre du MACF sous peine d’exclure des sources d’émissions majeures de la tarification.
Pour la branche ‘Métallurgie’, la situation est différente. Comme pour la branche ‘Electricité et gaz’, les importations en provenance de Chine et de Russie à destination de la demande finale des régions sont très faibles. Par conséquent, les émissions de cette branche dans ces deux pays incorporées dans la de mande finale des régions sont essentiellement des émissions qui, dans la perspective d’empreinte carbone, sont considérées comme indirectes.
En revanche, la Flandre et la Wallonie importent des volumes conséquents de produits de la ‘Métallurgie’ de Chine et de Russie pour consommation intermédiaire.
Les émissions incorporées dans ces importations devront faire l’objet d’une tarification dans le cadre du MACF. Cependant, elles ne sont que partiellement incorporées dans la demande finale des régions. En effet, une grande partie des importations de produits de la ‘Métallurgie’ de Chine et de Russie est utilisée comme inputs intermédiaires dans des processus de production de biens et services livrés à la demande finale d’autres pays.
Cet exemple montre que l’imposition du prix du carbone à des importations peut avoir une incidence sur le coût des inputs intermédiaires de la production de biens et services qui sont finalement destinés à l’exportation.“

Cela provoque la délocalisation des industries polluantes, qui deviennent moins rentables en Europe. (à moins d’augmenter les prix)
Ca permet donc de limiter les émissions sur le territoire de l’UE, mais ça ne fait que déplacer le problème ailleurs, hors de notre responsabilité définie dans les Accords de Paris, de façon très pernicieuse.
Exemple : 99% des vêtements d’Inditex sont fabriqués dans des ateliers en Inde, au Blangladesh, … par des esclaves modernes.
Et finalement, le BFP ilustre le concept de “feedback loop” dans le calcul d’indicateurs comme l’empreinte carbone :
“Enfin, la tarification des émissions indirectes incorporées dans le cadre du MACF devrait aussi tenir compte de ce qui est communément appelé ‘feedback loop’ dans la littérature sur le calcul des empreintes carbone (Moran et al., 2018). Le problème de ces ‘feedback loops’ peut être illustré par un exemple.
Le CO2 émis dans la production d’un bien en Flandre qui est exporté vers un autre pays hors de l’UE peut en fin de compte être incorporé comme émissions indirectes dans des importations de la Flandre si ce bien est utilisé comme input intermédiaire dans la production de biens ou services importés par la Flandre. La méthode de calcul de l’empreinte prend en compte cette possibilité grâce au recours à un TES multi-pays mondial.
Si les biens ou services importés par la Flandre sont destinés à sa demande finale, cette méthode comptabilise les émissions pour la production initiale exportée comme des émissions en Flandre incorporées dans la demande finale de la Flandre.
Dans le cadre du MACF, les émissions qui proviennent initialement d’un pays de l’Union et qui sont indirectement incorporées dans les importations dans l’UE devraient logiquement être exempts de tarification carbone.“
Leur conclusion:

Futures améliorations:
“Des travaux futurs devraient explorer plusieurs pistes pour confirmer et étendre les résultats obtenusdans cette étude.
– En premier lieu, il serait utile de déterminer les émissions liées à la production et l’empreinte carbone des régions pour d’autres années, plus récentes, afin de pouvoir comparer l’évolution de ces deux indicateurs dans le temps. Pour cela, il faut poursuivre la construction des comptes des émissions atmosphériques pour les régions et celle de tableaux entrées-sorties interrégionaux.
– En outre, il serait particulièrement intéressant de voir l’impact de la crise sanitaire de 2020 et 2021 sur ces deux indicateurs.
– Ensuite, une extension à d’autres gaz à effet de serre que le CO2 devrait être envisagée.
Cependant, une telle extension dépend de la disponibilité de données sur les émissions de ces gaz au niveau international.
– Enfin, une ventilation de la consommation finale des ménages par niveau de revenu et par type de produit permettrait de mettre en évidence les contributions des différentes catégories de revenu à l’empreinte carbone et de les relier à leurs niveaux et profils de consommation respectifs.“
Et on pourrait ajouter :
– La méthodologie basée sur les échanges marchands est-elle adaptée pour mesurer tous les aspects de l’empreinte carbone, comme par exemple l’utilisation du numérique?
Par exemple, la consommation électrique d’un appareil électronique (gsm, ordinateur, …), ou le montant d’un abonnement 5G, ne dit rien sur les ressources mobilisées hors Belgique durant son utilisation : quels datacenters sont utilisés, et donc la fraction de leur alimentation en énergie correspondante, etc.
– Le BFP ne change-t-il pas de définition du concept d’empreinte carbone en cours de rédaction? Entre celle dans l’introduction, et celle effectivement utilisée dans la méthodologie, les émissions du cycle de vie hors-production (et hors consommation mesurée, comme la consommation électrique) “disparaissent”:

Graphiques supplémentaires:


En 2009, Hertwich et Peters établissent le “domestic share” de l’empreinte carbone de la Belgique à 46%. (données 2001)
A l’époque, la Chine exportait beaucoup moins qu’aujourd’hui.
En 2023, le BFP établit un “domestic share” beaucoup plus faible : l’empreinte carbone est à peine ~10% plus élevée que les émissions domestiques par habitant. Comment expliquer cela?

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🔱Structure du triangle de Kaya