Marché et concurrence
Marché et concurrence sont deux notions qui régissent l’économie de marché dans laquelle nous vivons. Nous sommes confrontés à leurs mécanismes de façon quotidienne, à chaque fois que nous consommons un produit ou un service. Voici ce qu’il faut savoir sur leur fonctionnement.
Définitions
– Le marché est le lieu qui permet la rencontre entre une offre et une demande
– L’offre correspond à la quantité maximale de biens ou de services qu’un agent économique (ou un ensemble d’agents) souhaite vendre à un prix donné
– La demande désigne la quantité d’un bien ou d’un service qu’un agent économique (ouun ensemble d’agents) souhaite acheter pour un prix donné
– La loi de l’offre et de la demande (article Wikipedia ⭎), principe essentiel de l’économie de marché, établit une relation entre les niveaux respectifs de l’offre et de la demande et le prix. Si l’offre est supérieure à la demande, le prix diminuera. A l’inverse, si la demande est supérieure à l’offre, le prix augmentera.

Cette loi “renferme” un retour vers un équilibre : la diminution des prix entraîne une hausse de la demande, tandis que l’augmentation des prix encourage l’accroissement de l’offre.

Concurrence pure et parfaite : le “marché idéal” (article Wikipedia ⭎)
En 1874, Léon Walras ⭎ publie Éléments d’économie politique pure ou théorie de la richesse sociale. Dans cet ouvrage, l’économiste expose sa théorie de l’équilibre général ⭎ : une situation idéale qui se caractériserait par l’égalité de l’offre et de la demande sur l’ensemble des marchés et qui aboutirait à la satisfaction de la totalité des individus. Cette théorie se fonde sur plusieurs hypothèses :
– la rationnalité des agents économiques
– la neutralité de la monnaie
– la concurrence pure et parfaite
Les économistes néoclassiques estiment que pour obtenir une situation de concurrence pure et parfaite sur un marché donné, les 5 conditions suivantes doivent être réunies:
- L’homogénéité des produits signifie que les produits offerts sur le marché (par différents agents) présentent les mêmes caractéristiques et exercent de ce fait la même fonction
- L’atomicité suppose la présence sur le marché d’un nombre suffisant d’offreurs et de demandeurs, de manière à ce qu’aucun d’entre eux ne puisse exercer un pouvoir quelconque sur les prix
- La libre entrée s’observe lorsqu’une entreprise peut s’installer sur un marché donné sans rencontrer de barrières et qu’elle peut en sortir avec la même facilité.
- La libre circulation des facteurs de production signifie que le travail et le capital doivent pouvoir évoluer librement pour s’installer sur le marché de leur choix. Cette notion implique donc l’absence de toute régulation des flux financiers et des flux migratoires.
- L’information parfaite implique que les caractéristiques et les prix des produits présent sur le marché soient connus de l’ensemble des offreurs et des demandeurs.
La notion de “concurrence pure et parfaite” appartient donc à la vision néoclassique du marché idéal.
Dans la réalité, ce marché idéal n’existe évidemment pas.
– Nous sommes rarement en présence de produits “homogènes” et même lorsque c’est le cas, les offreurs s’efforcent de se distinguer les uns des autres par la publicité ou au moyen de diverses stratégies marketing (ou parle par exemple de “rebadging” pour désigner des produits identiques vendus sous des marques différentes).


– Il existe très souvent des barrières qui restreignent l’entrée ou la sortie d’un marché
– Si la circulation des facteurs de production est permise, elle est régulée (zones de libre-échange, unions douanières)
– Si Internet facilite la récolte d’informations sur les produits, il ne s’agit pas forcément d’un aperçu fidèle de la réalité,puisque les offreurs paient pour figurer en bonne place dans les moteurs de recherhce ou dans les comparateurs de prix.


Les structures imparfaites du marché
Puisque la “concurrence pure et parfaite” est un modèle théorique qui ne correspond à aucune réalité, nous sommes le plus souvent confrontés à des marchés aux structures dites “imparfaites”. On distingue généralement 4 types de structures imparfaites, qui privilégient soit les offreurs, soit les demandeurs.
a) Les structures de marché où les offreurs sont en position de force:
– Le Monopole ⭎ se caractérise par la présence d’un seul vendeur pour une multitude d’acheteurs. L’offreur (l’entreprise) en situation de monopole est libre de fixer ses prix comme il l’entend, puisqu’il est le seul à pouvoir répondr eà la demande.
Exemple : SNCB
– L’oligopole ⭎ rassemble quelques vendeurs pour une multitude d’acheteurs.
Exemple : opérateurs de téléphonie mobile
– Le cartel ⭎ est l’entente formelle entre les offreurs d’un oligopole
b) Les structures de marché où les demandeurs sont en positiond e force:
– Le monopsone ⭎ met en relation un seul acheteur avec une multitude de vendeurs. Bien souvent, cet acheteur unique est l’Etat. Par exemple, lui seul peut passer des contrats avec l’industrie de l’armement
– L’oligopsone ⭎ regroupe quelques acheteurs pour une multitude de vendeurs.
Exemple : le marché du lait en France, puisque seules quelques enseignes (Lactalis, Sodiaal, Danone principalement) négocient avec les 60 000 producteurs français de lait de vache. Ce déséquilibre a conduit à la “crise du lait ⭎“. Les producteurs étaient contraints de vendre leur lait à un tarif 30% inférieur au coût de production et travaillaient donc à perte. Une situation qui résulte également du volume trop important produit au niveau européen, après la levée des quotas en 2015.


Concurrence et innovation
Dans l’entre-deux-guerres, deux économistes remettent en cause la vision néoclassique.
– Joan Robinson ⭎ parle de “concurrence imparfaite” : les entreprises cherchent avant tout à bâtir des monopoles afin d’imposer leurs prix et de dégager davantage de profits.
– Edward Chamberlin ⭎ complète cette analyse en évoquant une “concurrence monopolistiques” : les entreprises s’évertuent à différencier leurs produit par la qualité, le design, la publicité, les conditions de vente ou de paiement, etc.
Schump:1:1, saintes écritures
Pour Schumpeter ⭎, il est heureux que la concurrence soit imparfaite. En effet, il considère que seules les entreprises de dimension importante, qui dégagent des profits significatifs, sont en mesure de prendre des risques et donc d’innover. Des structures de marché comme le monopole ou l’oligopole favoriseraient donc l’innovation, l’investissement et, in fine, l’émergence de nouvelles activités économiques.
L’intégration de la contrainte climatique rend cette remarque de Schumpeter caduque. Elle se transforme en remarque “en silo”, alors que l’activité économique doit s’intégrer dans une vision systémique qui prend en compte les externalités négatives (la destruction du capital naturel)
“La plus grande partie de la production industrielle provient de firmes géantes qui disposent d’un pouvoir considérable sur le marché.” John Kenneth Galbraith ⭎
Largement retranscrit du hors-série de Science & savoirs “Les bases de l’économie”
💰 Revenir au portail économie