Interview de Jacques Généreux ⭎, économiste français de gauche.
« Donc on a un système qui est fou, des politiques qui sont folles, qui sont contre-productives, même sur le plan économique, qui ne profitent vraiment qu’à une toute petite minorité. (…) Comment est-ce possible?
Il y a plusieurs types d’interprétation:
– l’interprétation classique (gauche/droite) : on est dans un système de domination de classe, et ce qu’on voit là est simplement la victoire de la classe capitaliste, comme l’a dit Warren Buffet. (…)
Cette interprétation a sa part de vérité mais n’est pas suffisante.
– Certains médias sont vendus aux capitalistes, mais là encore il est toujours possible de bien s’informer pour qui le veut.
– il y a la disparition des marges de manoeuvre : le fait de dire qu’un état national n’a plus les moyens d’agir dans un contexte de compétition mondiale. Mais encore une fois, c’est insuffisant. C’est peut-être valable pour Chypre ou le Burkina Faso mais pas pour un état comme l’Allemagne ou la France qui peut encore mener des politiques efficaces de façon indépendante.
– il reste alors une dernière piste. Ceux qui nous gouvernent sont à la fois idiots et incompétents. Ils ne font pas ce qu’ils ne font pas parce qu’ils ne peuvent pas, mais parce qu’ils croient vraiment que ce qu’ils font c’est la bonne chose pour le pays et qu’il ne faut pas faire autrement, même si ça fait 30 ans qu’on fait la même chose et que ça ne marche pas.
Et ceux qui votent pour eux votent pour des gens qui font des politiques contraires à leurs intérêts. Donc oui, il faut explorer cette piste de la bêtise et de la stupidité. »
NB : dans l’image, il est possible que tout le monde ait raison, comme l’explique Jacques Généreux.

Jacques Généreux:
« Notre système de parti, de démocratie représentative, est un système qui fonctionne à plat sur le biais égocentrique, sur le biais de confirmation, sur tous ces biais cognitifs, et qui itnerdit l’intelligence collective »
Rien de neuf en ce qui concerne l’extrait ci-dessous, Simone Weil l’avait déjà expliqué en 1940
Elle distingue deux mécanismes qui font d’un système particratique “le germe du totalitarisme” :
– l’homogénéité des idées
– la recherche de pouvoir
Tous deux reposants sur des biais cognitifs (“les passions” plutôt que la raison), menant à une polarisation sans lien avec ni la vérité ni l’intérêt collectif, qu’elle appelle une “lèpre qui nous tue“.