“Vagabondage à l’orée de la convenance. En lisière du licite.

En vie.

Habiter poétiquement le monde, c’est aussi, nécessairement, être poétiquement habité par le monde. Bi-perméabilité.
Devenir poreux à l’infime. Ouvert à la déterritorialisation. Gorgé de là et de loin.

Le poiesis est, certes, un faire. Mais l’étymologie peut s’avérer trompeuse: il est aussi, justement, question de savoir ne surtout pas faire.
Non pas de défaire mais de suspendre. De surprendre. D’interrompre. De cheminer en syncope de soi. En cessation de fatuité.

C’est donc d’une sémio-poiesis qu’il s’agit: créer des signes. Catalyser leur pullulement.

Être poète ce n’est pas nécessairement écrire -suivant ce régime de précision extrême, de rigueur obsessionnelle, de connaissance et de transgression des règles, qui caractérise le genre littéraire diffus et polymorphe nommé “poésie”.
Ce serait, au-delà ou en deçà, un voeu de subversion du banal et de perversion de l’attendu. Ce serait une connivence avec l’indice. En affidé du stigmate et complice du symbole.

N’avoir plus peur de la prolifération des centres. S’innverver de la singularité de l’ordinaire. Se repaître de déchirures continuées.

Une désinsertion sans désertion.
Un normatif qui affronte le constatif. Puis s’échoue, aux rives de l’inventé.”

Aurélien Barrau, dans L’hypothèse K