Henry David Thoreau
Henry David Thoreau ⭎ est un philosophe, naturaliste et poète américain (1817-1862)
Son essai La Désobéissance civile ⭎, qui témoigne d’une opposition personnelle face aux autorités esclavagistes de l’époque, a inspiré des actions collectives menées par Gandhi (qui a écrit “du devoir de désobéissance civile ⭎“) et Martin Luther King Jr. contre la ségrégation raciale.
Le parallèle avec la situation aujorud’hui (l’écocide capitaliste en cours) se fait aisément : il n’y a rien à remplacer.

“Il existe des lois injustes : consentirons-nous à leur obéir? Tenterons-nous de les amender en leur obéissant jusqu’à ce que nous avons atteint notre but – ou les transgresserons-nous tout de suite?
En général, les hommes, sous un gouvernement comme le nôtre, croient de leur devoir d’attendre que la majorité se soit rendue à leurs raisons. Ils croient que s’ils résistaient, le remède serait pire que le mal; mais si le remède est pire que le mal, c’est bien la faute du gouvernement. C’est lui le responsable. Pourquoi n’est-il pas plus disposé à prévoir et à accomplir des réformes? Pourquoi n’a-t-il pas d’égards pour sa minorité éclairée? Pourquoi pousse-t-il les hauts cris et se défend-il avant qu’on le touche? Pourquoi n’encourage-t-il pas les citoyens à rester vigilants pour lui signaler ses erreurs et améliorer ses propres décisions?”
“L’injustice est indissociable du frottement nécessaire à la machine gouvernementale, l’affaire est entendue. Il s’atténuera bien à l’usage – la machine finira par s’user, n’en doutons pas. Si l’injustice a un ressort, une poulie, une corde ou une manivelle qui lui est spécialement dévolu, il est peut-être grand temps de se demander si le remède n’est pas pire que le mal; mais si, de par sa nature, cette machine veut faire de nous l’instrument de l’injustice envers notre prochain, alors je vous le dis, enfreignez la loi. Que votre vie soit un contre-frottement pour stopper la machine.
Il faut que je veille, en tout cas, à ne pas me prêter au mal que je condamne.
Quant à recourir aux moyens que l’Etat a prévus pour remédier au mal, ces moyens-là, je n’en veux rien savoir. Ils prennent trop de temps et la vie d’un homme n’y suffirait pas. Si je suis venu au monde, ce n’est pas pour le transformer en un lieu où il fasse bon vivre, mais pour y vivre, qu’il soit bon ou mauvais. Un homme n’a pas tout à faire mais quelque chose, et qu’il n’ait pas la possibilité de tout faire ne signifie pas qu’il doive faire quelque chose de mal. Ce n’est pas mon affaire de présenter des pétitions au gouvernement ou au Corps Législatif; ça n’est pas la leur de m’en présenter non plus, car s’ils ne tiennent pas compte de ma pétition, que devrais-je faire?”
“Sous un gouvernement qui emprisonne quiconque injustement, la véritable place d’un homme juste est aussi en prison. La place qui convient aujourd’hui, la seule place que le Massachusetts ait prévue pour ses esprits les plus libres et les moins abattus, c’est la prison d’Etat.”
“Ceux qui affirment le droit le plus imprescriptible, et qui par là apparaissent comme les plus dangereux adversaires d’un Etat corrompu, n’ont pas, d’habitude, passé beaucoup de temps à accumuler des richesses. (…) Mais le riche -sans que l’envie me dicte aucune comparaison- est toujours vendu à l’institution qui l’enrichit. En poussant à fond, “plus on a d’argent, moins on a de vertu”, car l’argent s’interpose entre un homme et ses objectifs pour les réaliser et il n’a sûrement pas fallu une grande vertu pour s’enrichir ainsi”
“Il m’en coûte moins, à tous les sens du mot, d’encourir la sanction de désobéissance à l’Etat, qu’il ne m’en coûterait de lui obéir. J’aurais l’impression, dans ce dernier cas, de m’être dévalué.”
Extraits de “Je dois veiller à ne pas me prêter au mal que je condamne ⭎“, Henry David Thoreau.

La boucle est bouclée : d’Homère à aujourd’hui.
Manifestement.
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