Poids (Empreinte) carbone
[portail poids carbone]

Sommaire
Définitions
1. Le poids (ou l’empreinte) carbone d’un bien ou d’un service
Energie grise
2. Le poids (ou l’empreinte) carbone d’un individu
3. Le poids (ou l’empreinte) carbone d’une région ou d’un pays
4. Le poids (ou l’empreinte) carbone du monde

Définitions
L’empreinte carbone ne doit pas être confondue avec l’empreinte écologique ^⭎ (qui se mesure en unité de surface), d’où ce plaidoyer ^⭎ dans la revue Nature en 2007 pour plutôt l’appeler “poids carbone” puisqu’il se mesure en kgCO₂ ou kgCO₂eq):

Sa définition peut varier suivant l’entité à laquelle est réfère : un bien ou service, un individu, une entreprise/entité, une région/unpays, le monde.

1. Le poids (ou l’empreinte) carbone d’un bien ou d’un service
L’empreinte carbone d’un bien ou d’un service est la quantité de CO₂eq qui a dû être émise lors de son cycle de vie. Ce bilan est établi dans une Analyse de Cycle de Vie ^⭎ (ACV).
Le cycle de vie consiste en les phases de fabrication (et distribution), utilisation, et fin de vie (recyclage, incinération, etc.), correspondantes aux différentes couleurs dans cet exemple issu d’une étude de l’ADEME sur l’empreinte carbone de biens et services, ici d’équipements de sport:

Une agence comme l’ADEME réalise des études de cycles de vie de différents biens de consommation (machines à laver, raquette de tennis, t-shirts, …) suivant différentes méthodologies (selon différentes bases de données).

La fiabilité de ces bases de données est donc cruciale! Or, on peut légitimement se poser la question!

Energie grise
On appelle énergie grise la quantité de CO₂eq qui a été requise pour la fabrication, la mise à disposition et la fin de vie d’un bien ou d’un service. Elle représente le “contenu CO₂eq” d’un bien ou d’un service de consommation.
On peut donc la voir comme une composante du poids (ou de l’empreinte) carbone, celle liée à la production, la mise à disposition et la fin de vie (sans l’utilisation).

L’empreinte carbone d’un bien est donc en quelque sorte la somme de son énergie grise, et de la quantité de CO₂eq émise durant ses phases d’utilisation et de fin de vie.
Cette énergie grise n’a a priori aucune corrélation avec le prix de ce bien ou service, voire une corrélation inverse : l’énergie “pas chère” c’est l’énergie fossile.

Exemples d’études :
2019 : l’étude de l’ADEME “Modélisation et évaluation des impacts environnementaux de produits de consommation et biens d’équipement”

2. Le poids (ou l’empreinte) carbone d’un individu
Dans une économie mondialisée, le cycle de vie, et en particulier la phase de fabrication, est mondialisé aussi : les différentes phases du processus de fabrication et de distribution peuvent avoir lieu dans différents pays, voire différentes continents, et même dans les eaux ou espaces aériens non-territoriaux! (comme le transport maritime ou par avion)

Puisque tout ce qu’on achète est issu de la production de la sphère marchande,
Et puisqu’à tout ce qui est produit dans cette sphère marchande correspond à une certaine quantité d’énergie mobilisée,
Et puisqu’à toute énergie mobilisée correspond une intensité (carbone) énergétique non-nulle,
A l’ensemble de ce qu’on achète (ou utilise, exemple : Internet) correspond une certaine quantité de CO₂eq qui a été émis, depuis la Belgique, l’UE, ou ailleurs.

Le poids carbone individuel est donc La somme, rapportée sur une année, de l’ensemble des biens et services que nous achetons/consommons/utilisons.

Par l’identité de Kaya, le poids carbone peut être formulé sous deux angles:

Comme une mesure de l’utilisation d’énergie
CO₂/hab = (E/hab) * (CO₂/E)
poids carbone individuel = utilisation d’énergie par personne x intensité énergétique (ou “efficacité” énergétique) de l’économie.
Si l’intensité est la même pour tous (chauffage, électricité, transport, …) alors son poids carbone est une mesure de la quantité d’énergie qu’on mobilise.

Comme une mesure du pouvoir d’achat
CO₂/hab = (PIB/hab) * (CO₂/PIB)
poids carbone individuel = pouvoir d’achat x intensité carbone du PIB
Poids carbone et revenus sont corrélés. Au plus on achète, au plus son poids carbone est élevé, vu sous cet angle où l’intensité carbone de l’économie est la même pour tous. D’où l’intérêt des quotas CO2 individuels en terme de justice sociale dans un contexte de budget carbone contraint.

Exemples d’études :
2018 : la lettre n°9 de la plateforme wallonne pour le GIEC
2023 : l’article n°18 ^⭎ du Bureau Fédéral du Plan

3. Le poids (ou l’empreinte) carbone d’une région ou d’un pays
On peut le définir de deux manière :
– comme la somme des poids carbone individuels des individus de cette région ou de ce pays. Mais en pratique c’est plutôt le chemin inverse qui est fati : à partir du poids carbone d’une région, on obtient le poids carbone moyen des individus de cette région en le divisant simplement par la population.

– comme la somme des émissions domestiques (territoriales) du pays (D_i) et du bilan importations/exportations de biens et services de ce pays depuis et vers les autres pays (E_i)

Si Ei > 0, le pays importe davantage de CO₂eq qu’il n’en exporte : ses émissions domestiques sont inférieures à son poids carbone : sa responsabilité est sous-estimée dans le cadre du protocole de Kyoto. exemple : USA, Belgique, …
Si Ei < 0, le pays exporte davantage de CO₂eq qu’il n’en importe : ses émissions domestiques sont supérieures à son poids carbone : sa responsabilité est sur-estimée. Exemple : Chine.

Exemples d’études :
2009 : l’étude de Hertwich et Peters “Carbon footprint of nations”
2023 : le working paper du Bureau Fédéral du Plan
2023 : Cette compilation ^⭎ de Robbie Andrew
2024 : cette étude réalisée avec gtap11

Evolution du poids carbone de la Belgique
Plus de détails sur cette page

4. Le poids (ou l’empreinte) carbone du monde
Il est égal à la somme des poids carbone de chaque pays, qui est égale matémathiquement à la somme des émissions domestiques de chaque pays.
En effet, les émissions mondiale une année n (Q_n) sont la somme des émissions domestiques D_i de chaque pays i :

Mais puisque la somme des bilans imports/exports de chaque pays s’annulent 2 à 2 (les importations du pays i depuis le pays j s’annulent avec les exportations du pays j vers le pays i) :

On voit qu’en décomposant le poids carbone suivant sa définition ci-dessus:

On aboutit à l’égalité forcée :

 Revenir au noeud α
🔱Structure du triangle de Kaya