L’économie néoclassique

Vers la fin du 19ème siècle, trois économistes vont, de manière simultanée et indépendante, poser les fondements de ce que l’on appelle aujourd’hui “l’économie néoclassique”. Malgré la très grande diversité que cette appellation recouvre et les violentes critiques, elle domine aujourd’hui l’économie.

Stanley Jevons, Carl Menger et Léon Walras

Renversement du classicisme
C’est dans les années 1870 qu’apparaît un nouveau courant de pensée économique, un courant qui sera appelé trente ans plus tard “néoclassique” par l’économiste Thorstein Veblen . Si le classicisme voit l’économie comme une science humaine, les nécoclassiques vont en faire une science mathématique. Cette mathématisation de l’économie va s’opérer, de manière idnépendante, dans les travaux de trois économistes : Stanley Jevons en Angleterre, Carl Menger en Autriche et Léon Walras en Suisse. Prolongeant, plutôt que renversant, le classicisme, le courant néoclassique se distingue de ce dernier par une application systématique de l’individualisme méthodologique . L’homo economicus y est redéfini et l’analyse du comportement individuel des agents économiques fonde une construction théorique mathématisée qui conduit à l’équilibre sur tous les marchés. Le courant néoclassique, malgré sa grande diversité et ses nombreux opposants, s’est progressivement imposé comme le modèle économique dominant.

Individu plutôt que classe
Le courant néoclassique se caractérise par deux grandes idées.
D’une part, le rôle central de l’individu. Les néoclassiques ont cherché à éliminer certains aspects de la théorie classique, notamment l’analyse en terme de classes sociales. Il faut partir de l’individu, plus petite entité de la société, et s’intéresser à la manière dont il cherche à maximiser son utilité.
– Cette maximisation constitue la deuxième idée, la mathématisation de l’économie. Cette dernière étant constituée de données chiffrées et de variables, elle est donc mathématisable. L’individu cherchant à maximiser son utilité sous certaines contraintes, comme l’environnement ou les prix, l’analyse économique revient ainsi à maximiser une équation d’utilité sous contraintes. L’analyse en termes de classes avait amené certains penseurs à critiquer l’économie politique et le capitalisme. Les bases mathématiques et l’application de l’individualisme méthodologique devaient fournir au modèle néoclassique un caractère solide.

Échange plutôt que travail/production
Abandonnant l’analyse en termes de classes pour mettre l’accent sur les comportements individuels, l’école néoclassique privilégie l’étude des échanges au détriment de celle de la production. Ainsi, la théorie néoclassique abandonne la valeur travail. Cet abandon est une manière de répondre aux critiques marxistes du capitalisme. Si les fondateurs du courant néoclassique ne connaissaient pas les thèses défendues par Marx, des économistes tels que Böhm-Bawerk ou Pareto poursuivirent la construction théorique pour combattre les théories marxistes. La valeur travail est donc remplacée par celle d’échange et plus précisément l’échange mutuellement avantageux. Pour les néoclassiques, l’échange crée de la valeur. Naturellement, les néoclassiques ne pouvaient laisser de côté la production. Ainsi, il arrivèrent à la conclusion qu’à l’équlibre, la rémunération des facteurs de production, ceux du capital aussi bien que ceux du travail, correspond exactement à leur contribution à la production.

La notion d’utilité
Au centre de la théorie néoclassique, on trouve la notion d’utilité. C’est la raison pour laquelle ce courant de pensée s’appelle parfois l’utilitarisme . On définit la fonction d’utilité comme une mesure de la satisfaction du consommateur. Elle reflète donc les préférences de ce dernier. On rencontre deux versions de cette fonction, l’une cardinale, l’autre ordinale. La premère suggère que l’utilité correspond à une mesure quantitative de la satisfaction retirée de la consommation de biens, alors que la seconde traduit algébriquement les préférences du consommateur. Associé à cette fonction, les néoclassiques ont défini un concept clé de leur analyse économique, l’utilité marginale . L’utilité marginale d’un bien est le supplément d’utilité procuré par la consommation d’une unité supplémentaire de ce bien, toutes les choses étant égales par ailleurs. Une grande partie de l’analyse néoclassique vise à maximiser, rendre optimale, cette fonction d’utilité, tout en préservant un équlibre général.

Commentaire: Ce sont vraiment des sociopathes., ceux qui au 21ème siècle accordent encore de la pertinence à ce genre de mentalité. Encore une fois, à l’époque le monde peut raisonnablement être considéré comme infini sans faire de grande erreurs, les “effets de bords” étant encore bien lointains et néglieables. Mais lorsque la liberté individuelle heurte les limites de la planète, elle entre forcément en conflit avec la règle fondamentale que “la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres”, que ça soient d’autres populations sur la planète, ou des populations futures, voire celles des animaux. Si la satisfaction maximale, ou l’utilité optimale, empêche d’autres de la satisfaire de la même façon, ça ne s’appelle plus “la liberté individuelle”, ça s’appelle de l’égoïsme, et à l’échelle d’une nation, ça s’appelle du suprémacisme. Ca la disqualifie immédiatement à mes yeux. La sacralisation de la liberté individuelle et du caprice égoïste ne semble pas compatible avec la réalité physique, le droit international et nos valeurs morales

Il faut lutter contre l’impunité de ceux qui pillent la planète” Haut Commissaire aux droits de l’Homme à l’Onu.

Le premier commandement des néoclassiques : tu adoreras l’offre

L’équilibre
L’utilité introduite par les néoclassiques leur permit de donner des conditions pour atteindre l’équilibre économique. C’est, en effet, eux qui ont apporté l’idée d’équlibre ou d’égalité stable entre plusieurs variables. On doit à Léon Walras la théorisation de l’équilibre général, état dans lequel l’économie est stable. Dans cet état, le chômage n’existe pas, car l’offre est égale à la demande sur tous les marchés et chaque individu maximise son utilité en fonction des contraintes. Chaque variation des contraintes entraîne un ajustement du système économique qui le ramène à l’équilibre. Comme les classiques, les néoclassiques estiment que la liberté des échanges, en règle générale, implique la plus grande prospérité. C’est l’idée de la libre concurrence pure et parfaite. Le grand apport des néoclassiques a été de mathématiser cette idée, lui donnant une sorte de statut de vérité scientifique. De nombreux économistes ont poursuivi cette modélisation en considérant cette fois des marchés imparfaits.

Le deuxième commandement des néoclassiques : tu n’auras pas d’autre dieu que l’utilité

Largement retranscrit du hors-série de Science & savoirs “Les bases de l’économie”

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