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Carte mondiale des poids carbone
[portail poids carbone]

Cette page présente la carte mondiale des poids carbone des pays construite à partir des données de l’article de Hertwich et Peters, quelques autres résultats de cet article, ainsi que des infographies construites en croisant leurs données et les données d’émissions domestiques.

1. Carte mondiale des poids carbone
(initialement posté sur le groupe Transition 2030 en 2022)

Impossible de trouver une carte des pays par empreinte (poids) carbone…. On tombe systématiquement soit sur des cartes d’empreintes écologiques , soit sur des cartes d’émisisons domestiques , par habitant ou non. Ce qui est totalement différent...

Alors j’en ai construite une à partir de la table 2 de l’étude de Hertwich et Peters de 2009 “Carbon Footprint of Nations: A Global, Trade-Linked Analysis “.
Voilà donc les plus gros “responsables” du changement climatique, par leur mode de vie, en teintes rouges, à leur sens (voir plus bas).

En utilisant un site de coloriage de carte du monde, et en divisant les valeurs des poids carbone des pays dans la table 2 de l’article de Hertwich et Peters en 5 classes (suivant que poids*5/poids_max = 1, 2, 3, 4 ou 5 après arrondi à l’entier le plus proche)

Aujourd’hui, d’autres cartes sont apparues. Celle ci-dessous a été réalisée avec le Global Carbon Budget 2024 :

source

2. Les résultats de l’étude
Comme d’autres articles sur le sujet, Hertwich et Peters, dans la première phrase de leur abstract, insistent sur deux choses :
– la responsabilité pour les émisisons devrait être basée sur le poids carbone plutôt que sur les émissions domestiques, c’est-à-dire qu’elle devrait être imputée à ceux qui bénéficient des émissions sous-jacentes aux bien et services produits, et non au lieu sur lequel ils sont produits ou consommés. D’autant plus que le poids carbone est élevé par rapport aux émissions domestiques, sur lesquelles sont basées les engagements internationaux actuels.
– Cette responsabilité est répartie de façon inéquitable au sein des pays. Cela résulte de la corrélation entre poids carbone et revenus, comme ils le montrent dans l’étude.

Cette étude de 2009 utilise la méthodologie “standard” : un modèle multirégional d’entrée-sorties (MRIO model) associé à une base de donnée, dans ce cas-ci GTAP version 6, pour l’année 2001.
Voici une partie de leur table 2 qui synthétise les résultats :

Les données sont en CO2eq. Selon leurs données (table 1), en 2001 le CO2 représentait
24,7/34,2 = 72% du CO2eq dans l’atmosphère.

C’est sur les résultats de cette étude que se base le chiffre de l’empreinte moyenne par habitant de la lettre n°9 de la PW pour le GIEC de 2018.

Pour la Belgique (en CO2eq):
16,5 tonnes CO2eq/hab/an ~= 8 domestiques + 8,5 importées (domestic share : 46%)
Pour la Chine :
3,1 tonnesCO2eq/hab/an = 3,5 domestiques -0,4 exportées (domestic share : 94%)

Ou au niveau national :
16.5 * 10,3 = 170 MtCO2eq/an ~ 110 MtCO2eq domestiques + 60 importées
Seules les émissions domestiques font actuellement partie de nos objectifs climatiques, dans le cadre de nos engagements internationaux.

Dans leur article de 2008 “CO2 Embodied in International Trade with Implications for Global Climate Policy” dont l’abstract commence par la phrase :
The flow of pollution through international trade flows has the ability to undermine environmental policies, particularly for global pollutants“, Hertwich et Peters aboutissent aux chiffres suivants pour les émissions domestiques et le poids carbone de la Belgique:

Différence entre émissions domestiques (production) et poids carbone (consumption) – données pour l’année 2001

Ce qui est bizarre, c’est que ces chiffres sont en MtCO2 et fournissent pourtant le poids carbone par habitant de leur étude de 2009, qui lui est en tCO2eq :
181.9 MtCO2 / 10,5 Mhab ~= 16,5 tCO2/hab
Alors que les 16,5 tCO2 sont censées être des tCO2eq d’après leur étude de 2008.

Un autre résultat important est la corrélation entre pouvoir d’achat (ou dépenses) et poids carbone, la figure 1 de leur étude:

Et ils observent que celle-ci se retrouve dans toutes les composantes de l’empreinte carbone:

Ci-dessous, la carte mondiale des poids carbone avec quelques autres cartes, pour montrer la corrélation entre OCDE-OTAN-pays à gros poids carbone:
(Les pays de l’OCDE font partie des pays de l’annexe I au protocole de Kyoto)

Même si le transport est un secteur purement “domestique” (pour sa phase d’utilisation), on voit que la carte mondiale des poids carbone (avec GTAP6) est corrélée avec par exemple cette carte du nombre de véhicules par 1000/hab, et c’est logique:

Les processus causant des émissions de gaz à effet de serre (GES) profitent aux humains en leur fournissant des biens de consommation et des services. Ce bénéfice, et donc la responsabilité des émissions, varie selon l’usage ou la catégorie de consommation et est inégalement réparti entre les pays et au sein de ceux-ci.” (Hertwich & Peters )

3. Prolongement avec les données d’émissions domestiques
En croisant les données de l’article de Hertwich et Peters avec les émissions domestiques (j’avais pris celles de Wikipedia de 2017, donc il y a une incohérence entre les années), on peut créer le genre d’infographies suivantes (mais qui sont caduques donc) :

En orange, les responsabilités (par habitant) dans le cadre des Accords de Paris (paradigme “production”) : aucune corrélation avec le bilan import/export (en bleu)
Le poids carbone est la somme des deux.

Elle représente les ~70 pays analysés.
En orange, les émissions domestiques (par habitant). On reconnaît les 9,5 tCO2/hab/an qui fournissent 9,5 * 11,5M = 110 MtCO2 d’émissions domestiques belges en 2001.
En bleu (eEi), la “part extérieure” dans le poids carbone, définie comme la “résultante”, ou le bilan des importations et exportations d’énergie grise.
En faisant la somme des deux pour la Belgique, on reconnaît les 9,5+7=16,5 tCO2/hab/an de poids carbone moyen pour un belge.

C’est pareil pour les autres pays : importateurs nets d’énergie grise.
Sauf pour 5 pays tout en haut du classement, qu’on pourrait appeler les “usines du mondes”, qui ont eux un bilan négatif : ce sont des exportateurs nets d’énergie grise.
Attention : a priori dé-corrélée de la balance commerciale : il n’y a pas de lien entre la valeur monétaire d’un bien/service et son contenu carbone.

Le poids carbone est simplement la somme des émissions domestiques et du bilan import/export d’énergie grise.
Dans l’image ci-dessous, les 5 plus gros poids carbone mondiaux.
Poids carbone (Ei) = émissions domestiques (Di) + bilan import/export (EEi)

En bleu, les responsabilités dans le paradigme “production” (protocole de Kyoto), en jaune, les responsabilités dans le paradigme “consomation”

On voit qu’il y a une différence structurelle fondamentale entre la Chine et les USA :
– la Chine est exportatrice nette : son poids carbone est inférieur à ses émissions domestiques <==> sa reponsabilité est sur-évaluée dans le paradigme “production” des Accords de Paris
– Les USA sont importateurs nets : leur poids carbone est supérieur à leurs émissions domestiques <==> leur responsabilité est sous-évaluée dans le paradigme “production” des Accords de Paris.

Ci-dessous, le reste des pays.
Le poids carbone de la Belgique se situe au même niveau que les Philippines, qui comptent 110 millions d’habitants!

En bleu, les responsabilités (PAS par habitant, par pays entier) dans le cadre des Accords de Paris (paradigme “production”), en jaune, celles dans le cadre du paradigme “consommation”, pour les ~70 pays analysés par Hertwich et Peters, sauf les 5 plus gros poids carbone (image précédente)

Dans le Global Carbon Budget 2023, le poids carbone de la Belgique (~200 MtCO2/an) est beaucoup plus élevé que celui obtenu avec la BD FIGARO utilisée par le BFP, et 100% plus élevé que nos émissions domestiques! (source ),

Ces résultats sont à comparer avec ceux obtenus par le Bureau Fédéral du Plan.


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🔱Structure du triangle de Kaya