L’école de Chicago

L’université de Chicago a été le berceau de nombreux courants de pensée qui ont marqué l’histoire. Si la première école de Chicago est une école de sociologie, celle que l’on connaît aujourd’hui sous ce nom est une école d’économie, dont le plus controversé des animateurs est Milton Friedman..

Chicago, berceau intellectuel
L’université de Chicago, aux États-Unis, a été le berceau de nombreux courants de pensée et reste, encore aujourd’hui, un véritable creuset intellectuel. Lorsque l’on évoque l’école de Chicago, il est nécessaire de préciser de laquelle nous parlons. En effet, la première “école de Chicago” a été celle de sociologie apparue vers la fin du 19ème siècle, puis développée après les années 1930. Cette école de sociologie proposait de nouvelles méthodes d’investigation, basées notamment sur le vécu des personnes, appeléess les observations participantes, visant à comprendre la perception qu’avaient les acteurs sociaux des situations qu’ils vivaient. Dans les années 1960, au sein du département d’économie de cette université, naît donc l’autre école de Chicago , sous l’impulsion de Jacob Viner. Cette école de pensée sera principalement animée par Milton Friedman, Theodore Schultz et Gary Becker. C’est une école de pensée appartenant à la vision libérale de l’économie, une école néoclassique.

Caractéristiques de l’école
La vision libérale de l’économie est couramment associée à deux écoles de pensée contemporaines, l’école de Chicago et l’école autrichienne. Même si les recoupements sont nombreux, il n’en demeure pas moins que de nombreux points, aussi bien conceptuels, stratégiques que pratiques, les différencient profondément. Dans le même temps, on identifie souvent l’école de Chicago à l’école monétariste, en omettant que l’école de Chicago a développé des axes de recherche ignorés par les monétaristes. Enfin, tous les économistes passés par le département d’économie de l’université de Chicago n’appartiennent pas nécessairement à cette école, à l’image de Thortstein Veblen ou d’Oskar Lange. Réciproquement, de nombreux économistes n’ayant jamais enseigné à Chicago sont considérés comme des membres effectifs de cette école. Ce qui la caractérise finalement est plus son opposition au keynésianisme, son attachement au libre marché, au monétarisme et à la théorie néoclassique des prix, qu’une unité de lieu.

Les trois axes de recherche
La pensée économique développée par l’école de Chicago peut se caractériser par trois grands axes de recherche, une fois admise l’existence du marché autorégulateur. Les opposants à l’école de Chicago, comme les hétérodoxes de l’école de la régulation, contestent naturellement cette existence.
– D’une part donc, et cela la rapproche de l’école monétariste, elle considère que la monnaie joue un rôle fondamental dans la manifestation des faits et des phénomènes économiques, tels que l’inflation, la croissance ou encore les revenus. Milton Friedman a ainsi réhabilité une théorie quantitative de la monnaie, la théorie monétariste.
– D’autre part, l’école de Chicago a mis l’accent sur l’importance du capital humain, théorie initiée par Theodore Schultz dans les années 1970, dans les stratégies collectives et individuelles.
– Enfin, elle s’est intéressée de près à l’importance du droit de propriété dans une société à économie de marché.
L’école de Chicago n”est donc pas réduite à l’école monétariste.

Milton Friedman
Le nom de Milton Friedman est indissociable de l’école de Chicago. D’abord, parce que ce dernier a fait quasiment toute sa carrière universitaire à l’université de Chicago et ensuite, parce qu’il a imprégné de sa pensée tout ce qui a été écrit par les tenants de l’école de Chicago après lui. Milton Friedman est un adepte de l’idée du marché autorégulateur et du rôle central joué par la monnaie. Ses théories sont à l’origine des politiques économiques de la Banque mondiale, du milieu des années 1980 au milieu des années 1990, menées dans les pays en voie de développement. Ces politiques avaient pour objectif le redressement des comptes publics et la réduction des inefficiences étatiques. Il a également formé ce qu’on appelle depuis les “Chicago Boys “, un groupe d’économistes chiliens prêts à conseiller le dictateur Augusto Pinochet dès lorsque ce dernier restaurait le jeu du marché et qui ont oeuvré pour le redressement de l’économie chilienne. Le marché donc, avant la condamnation d’un dictateur. (Cela s’est empiré avec le temps : aujourd’hui, le marché avant tout, y compris notre avenir)

Milton Friedman

Gary Becker
Aux côtés de Milton Friedman, l’autre grande figure de l’école de Chicago est Gary Becker. Si le nom de Milton Friedman est attaché à sa pensée monétariste, celui de Becker est indissociable de celle du capital humain. Le concept de capital humain , inventé par Theodore Schultz au cours des années 1970, postule que chaque personne décide d’arrêter ou de poursuivre ses études en faisant un calcul coût/avantage pour sa vie future. Becker a étendu la notion de capital humain aussi bien à la criminalité qu’à la famille. L’idée sous-jacente à la théorie du capital humain est que la société ne joue aucun rôle dans la destinée sociale et seules comptent les décisions, individuelles pour chacun d’entre nous et collectives pour un groupe d’individus. Enfin, des économistes de l’école de Chicago, tels que Ronald Coase ou Richard Posner, insisteront, eux, sur l’idée que les droits de propriété privée bien délimités et libremeent transférables sont des conditions favorables à la prospérité.

Gary Becker

Largement retranscrit du hors-série de Science & savoirs “Les bases de l’économie”

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